L'arrivée d'un elfe... [PV Riri <3]

Après deux longs jours de voyage, Elros avait enfin atteint la limite de la forêt. Devant lui s’étendait finalement le clan des humains. C’est donc avec une certaine joie mêlée d’appréhension et de curiosité qu’il observait les étranges habitations qui s’élevaient devant lui. Il se demandait vraiment pourquoi les humains s’enfermaient ainsi dans la pierre et dans des maisons aussi grandes pour si peu de personnes. Même dans son clan, quand une famille était grande, leurs cabanes n’étaient pas démesurées pour autant. Ils se contentaient du nécessaire et c’était tout. De toute manière, ils ne pouvaient faire de trop grandes cabanes dans un arbre. Aussi grands, robustes et majestueux soient-ils, ils n’auraient su supporter un trop grand poids dans leurs branches. D’ailleurs, en parlant de cabane… il serait bien qu’il se trouve lui-même un abri le temps de s’atteler à la construction de la sienne. Sinon il serait bien embêté si le temps venait à se couvrir ou s’il se mettait à pleuvoir.

Il décida donc d’entrer dans le clan des humains et d’essayer de trouver un endroit où il serait accueilli et où on lui offrirait l’hospitalité. Seulement les humains ne semblaient pas avoir la même notion que les elfes en termes d’hospitalité. La preuve était qu’au bout de deux heures à toquer aux portes des maisons qu’il trouvait, il n’avait récolté qu’insultes et moqueries. Et cet état de fait eu le don de l’agacer. Ce n’était pas une manière de recevoir un prince, nom d’un elfe ! Il serait bon qu’ils apprennent à être plus aimables et accueillant. Dans son clan, jamais on ne se serait permis une telle chose. Quelle que soit la race de la personne demandant l’asile et quel que soit le temps de séjour dans leur clan. D’ailleurs, il y avait toujours une cabane de libre prévue à cet effet. Et les humains feraient bien de faire de même. Pas étonnant qu’ils aient si mauvaise réputation auprès des autres races.

C’est donc résigné qu’il regagna sa chère forêt. Ce n’était pas ce soir qu’il observerait les humains et le peu qu’il avait aperçue de leur vie et de leur comportement ne lui donnait pas envie de pousser plus loin ses investigations. Il savait bien que les humains étaient un peu revêches. Du moins, c’est la réputation qu’ils avaient dans leur clan. Mais il n’aurait pas pensé que ce fut à ce point. Le peu qu’il avait vu lui renvoyait une image plutôt mauvaise de leur race. Ils semblaient être pas aimables, individualistes et belliqueux, jugea-t-il après avoir vu deux jeunes humains se battre pour une histoire de… d’étranges petits objets ronds et brillants qui semblaient être important dans leur culture. Mais il n’avait aucune idée de ce que ça pouvait être. Et lorsqu’il osa demander à une personne qui, avec ses cheveux blancs et ses rides, semblait être en âge de posséder une certaine sagesse comme les anciens de son clan, il fut étonné d’être rabroué et insulté et s’enfuit avant de se prendre un coup de sac, rebroussant chemin vers la tranquillité de sa forêt. Décidément, il était bien mieux là-bas à l’abri des arbres et caché des humains. Et c’est soulagé, qu’il se réfugia à nouveau derrière les arbres, se sentant plus chez lui et plus protégé. Finalement, il ferait le moins de voyage possible dans ce clan étrange et hostile. Mais du coup son problème de logement n’était toujours pas réglé.

Soupirant, il leva le nez vers le ciel qu’il percevait à travers les feuillages épais des arbres et détailla celui-ci. Il était d’un bleu clair plutôt encourageant et une légère brise rafraichissait la température ambiante la rendant tout à fait acceptable en plus de l’ombre que lui offraient les arbres. Il dormirait donc à la belle étoile cette nuit et au moins il ne serait pas difficile pour lui de jeter son dévolu sur l’une de ces branches robustes qui l’entouraient comparés au mal qu’il aurait eu à s’habituer à être totalement coupé de la nature dans une habitation humaine. Au moins, ici, il se sentirait chez lui et plus à l’aise. De plus, il avait perçu un lac non loin où il pourrait aller se laver et récupérer de l’eau pour boire et faire à manger. Oui, tout ceci était parfait et il se maudit d’avoir été trop impatient de sympathiser avec les humains pour y avoir pensé plus tôt. Il oublia bien vite ce petit détail et décida de commencer par se laver. Il aurait bien le temps pour se faire à manger avant que la nuit ne tombe. Et comme il avait la flemme de chasser aujourd’hui, préparer le dîner ne lui prendrait pas beaucoup de temps. Et c’est donc tout guilleret et insouciant comme l’elfe qu’il était qu’il se dirigea vers le lac.

Une fois arrivé là-bas, il s’arrêta un instant pour apprécier la beauté du lieu et le calme qu’il dégageait. C’est tout ce qu’il lui fallait pour se remettre de ses émotions de la journée et se détendre de son long voyage qui risquait bien de lui apporter quelques courbatures le lendemain au réveil. Il posa donc tranquillement sa sacoche, son arc, ses flèches et sa lame avant de se déshabiller en toute confiance, ses sens légèrement plus développés que la moyenne ne lui ayant révélé aucune menace aux alentours. Il laissa donc tomber ses vêtements à côté du reste de ses affaires avant de grimper sur un rocher et de plonger avec délice dans l’eau froide qui s’étendait devant lui peu de temps auparavant. Il remonta à la surface, rejetant ses cheveux en arrière en soupirant d’aise. Rien ne valait un bon bain et il en profita pour se décrasser de la poussière accumulée au cours des deux jours précédents passés à voyager. A l’aide des produits du clan, il se lava longuement de la tête aux pieds en savourant la délicate odeur de fleur qui se répandait sur ses corps et dans ses cheveux au fur et à mesure qu’il se frictionnait et se rinçait. Et c’est une fois qu’il fut bien propre qu’il se permit de se détendre, se laissant flotter tranquillement, les yeux fermés et un léger sourire aux lèvres. Il ne sortit de l’eau qu’une bonne demi-heure plus tard, lorsqu’il sentit que son corps s’alourdissait et qu’il sombrait peu à peu dans le sommeil et alla se coucher sur un rocher bordant le lac pour laisser le soleil le sécher.

Une fois sec et détendu, il se rhabilla tranquillement et récupéra ses affaires. Le soleil commençait déjà à décliner et il était temps de faire un feu s’il voulait être tranquille et pouvoir manger. Il se dirigea donc vers la lisière de la forêt où il se trouvait un peu plus tôt. Ramassant du bois sur le chemin, il porta le tout jusqu’au pied d’un arbre qui lui avait tapé dans l’œil. C’est ici qu’il dormirait cette nuit, c’était décidé. Il fit donc un tas avec les branches de bois ramassées et alluma son feu, appréciant la chaleur qu’il dégageait. C’est ainsi qu’il se retrouva assit à côté de ce feu à faire réchauffer un pot plein de bouillie elfique que sa mère lui avait donné avant qu’il ne quitte le clan.

En repensant à son clan, il soupira légèrement. Les autres elfes lui manquaient déjà. Les bons plats de sa mère aussi. Il l’imaginait à table avec son père en train de discuter joyeusement sur ses nouveaux échanges avec les autres femmes du clan et sur les tissus qu’elle avait récupéré et qui feraient de belles tuniques bien chaudes pour l’hiver. En pensant à tout ça, il se sentit bien seul et douta un peu de sa motivation à rester ici. Mais d’un autre côté, il était bien content d’avoir quitté le cocon familial. Non pas qu’il s’y sentait mal mais il avait le sentiment que ce n’était pas au clan qu’il trouverait le bonheur et c’est requinqué à cette pensée qu’il sortit le pot du feu pour commencer à manger. Après tout, il était un grand elfe maintenant. Il saurait se débrouiller et subvenir lui-même à ses besoins.

Quand il eut terminé son pot, il le posa à côté de lui et farfouilla dans sa sacoche pour sortir une tunique chaude. En effet, l’air s’était sensiblement rafraichit et il ne tenait pas à tomber malade alors qu’il venait juste d’arriver et qu’il n’avait que deux fioles médicinales sur lui. Il faudrait qu’il cueille des plantes le lendemain après avoir chassé. Ou avant peut-être… Il verrait bien de toute façon. Ce n’était pas comme s’il avait un programme à respecter de toute manière. Il était totalement libre de faire ce qu’il voulait comme il le voulait et surtout quand il le voulait. Et ça, ça n’était pas pour lui déplaire. Plus aucune obligation, plus d’horaires à suivre. C’était peut-être ça la belle vie finalement.

Baillant à s’en arracher la mâchoire, il lorgna sur l’arbre contre lequel il s’était appuyé. Il ne se sentait pas le courage de monter se percher sur une branche finalement. Et puis, il n’avait aperçue ni n’avait senti la présence de tel ou tel prédateur dans les environs. Il pouvait donc s’endormir ici sans crainte. Et même si quelqu’un venait à trop s’approcher, ses sens l’avertiraient et il saurait réagir en conséquence avant qu’il ne lui arrive quoi que ce soit de fâcheux. L’avantage d’avoir un sommeil léger, sûrement. Il sourit à cette pensée et s’étendit près du feu, fermant les yeux aussitôt avant de sombrer rapidement dans un bon sommeil réparateur.

Il ne s’éveilla que tôt le lendemain matin. Le feu s’était éteint depuis un bon moment et il frissonna alors que la brume matinale l’entourait. Finalement il aurait peut-être mieux fait de dormir à l’abri des feuillages. Il soupira et se frictionna les bras avant de mettre ce qu’il lui restait de branches et de rallumer le feu. Heureusement qu’il avait pris la précaution de couvrir le bois après avoir allumé le feu la veille sinon celui-ci aurait été trop humide pour pouvoir en allumer un nouveau. Et c’est en soupirant de bien être qu’il vit les premières flammes jaillir quelques minutes plus tard tandis qu’il tendait les mains vers elles pour les réchauffer avant de sortir un autre pot de bouillie et de le faire chauffer pour son petit déjeuner dont il ne fit qu’une bouchée quelques minutes plus tard, savourant la mixture bien chaude qui remplit son estomac.
Le brouillard quant à lui c’était levé le temps qu’il prenne son petit déjeuner et il faisait déjà largement moins froid. Cependant, il se dit qu’il devrait peut-être s’atteler dès aujourd’hui à la conception de sa cabane s’il ne voulait pas passer trop de temps dehors et risquer d’être malade. Il décida donc de s’y mettre dès qu’il aurait chassé et cueillit ce dont il avait besoin. Il ne devait donc pas tarder parce que cette journée s’annonçait être particulièrement chargée. Le seul truc qui le dérangeait un peu, c’était d’avoir à construire sa cabane seul. Ça ne serait certainement pas chose aisée et même quelque peu risquée. Et pour la seconde fois depuis qu’il était arrivé ici, il regretta d’être seul ici. Si un autre elfe était venu avec lui, il aurait pu l’aider pour tout ce qu’il avait à faire. En plus, avec son statut de prince, il aurait pu se reposer sur cette personne même si ce n’était pas vraiment son genre. Quoique… Peut-être un peu en fait. Mais vraiment un tout petit peu, hein. Il était loin du stéréotype du prince capricieux et orgueilleux qui attendait que tout lui tombe tout cuit dans la bouche. Enfin, il l’espérait.

Il secoua la tête et se sortit de ses pensées. Ce n’était pas en rêvassant qu’il aurait à manger, de quoi se soigner et un endroit où se loger. Il éteignit donc le feu qu’il avait allumé peu auparavant et se décida à bouger. Prenant ses affaires, il grimpa rapidement en haut de l’arbre pour observer les alentours et repérer de quoi se nourrir. Grâce à sa vue perçante, il réussit à voir non loin de là quelques lapins et leurs lapereaux mais aussi trois belles biches bien dodues et appétissantes ainsi que des sangliers. Il jeta finalement son dévolue sur l’une des biches. En plus leur fourrure était très agréable en dessus de lit ou en simple tapis et ça serait parfait pour commencer à aménager sa future cabane et leur graisse était plutôt appréciée ajoutée dans les produits pour le corps ou pour servir à s’éclairer. Il descendit donc en vitesse, son arc en bandoulière, ses flèches dans son dos et sa lame accrochée à sa ceinture. C’est bien armé et silencieux qu’il se déplaça rapidement jusqu’à l’endroit où il avait repéré son futur repas et se mit en position quand enfin il les aperçu à travers le feuillage d’un buisson, les regardant paître tranquillement. Se mettant derrière un arbre, un prit son arc, une flèche et le banda, mettant l’animal en joue. Respirant tranquillement, lentement, il se concentra avant de décocher sa flèche, touchant sa cible sans mal et affolant par la même les deux autres biches présentes. Il prit donc vivement une autre flèche qu’il décocha tout aussi rapidement, touchant une seconde fois la biche, celle-ci se fichant profondément dans son flanc tandis que l’autre avait transpercé son cou. Il se jeta finalement sur elle, dégainant sa lame et l’égorgea sans lui laisser le temps de comprendre ce qu’il se passait. C’était une bonne chose de faite et il retira les flèches avant d’entreprendre à tirer l’animal jusqu’à l’arbre qu’il avait choisi.

Une fois parvenue à destination, se doutant que l’odeur du sang de la bestiole morte ne manquerait pas d’attirer les quelques prédateurs qu’il devait y avoir aux alentours, il décida d’enrouler une corde elfique autour de ses pattes et de la hisser jusqu’au milieu de l’arbre où il la suspendit. Ça lui laisserait au moins le temps d’aller cueillir ses plantes et de les mettre à sécher avant de la dépecer et de la découper. En attendant, il plaça deux pots sous la carcasse pour récolter le sang. Avec un peu de chance, l’odeur plus la viande séchée s’y trouvant détourneraient l’attention du vrai butin. Puis il reprit sa lame et partit se lancer dans sa cueillette de plantes et de fruits qui serviraient à concocter soit de bons petits plats, soit des produits pour le corps ou encore des potions à but médicinal. Le tout en sifflotant, l'air de rien, toujours aussi insouciant quant à la possibilité de rencontrer un danger sur son chemin.