Théodor s'approchait de la plage, monté sur son fier cheval. Il l'avait eu pour ses 14 ans et l'avait nommé Antoine. Il aimait beaucoup ce cheval, même s'il ne le montait que peu souvent. Il s'adressait toujours à lui avec respect, comme si c'était un être doué de pensées raffinées.
- Nous arrivons, Antoine. Arrêtons-nous au petit enclos que j'ai fait aménager pour vous.
Ainsi qu'il parlait, Théodor Léopold retranscrit sa volonté d'un geste simple mais clair et ferme. Il traitait presque ce cheval comme un égal mais demeurait le maître. Tout au plus Antoine étant-il un serviteur, l'égal de Léane, sa servante attitrée. Hmmm... Non. Comparé à tout autre laquait il n'aurait pas hésité un instant à dire qu'Antoine avait la même valeur mais Léane était à ses yeux au-dessus des autres employés. Quand bien même il la traitait comme un noble se doit d'agir avec tout inférieur, Léane était son amie d'enfance et il ne pourrait jamais considérer qu'un simple cheval puisse être au-dessus d'elle.
Le dit cheval les menait vers un petit enclos prévu pour laisser les animaux que l'on ne pouvait prendre avec soit sur la plage. Théodor D'Eydoche avait lui-même fait construire cet enclos et était le seul à s'en servir. Le jour de se première promenade cavalière passant par la plage, il avait constaté qu'aucun endroit ne lui permettait de laisser son cheval à l'abri. Il était alors partit tranquillement pour la mairie, souhaitait faire sa requête. Constatant de l'absence d'abri animalier à la mairie – partout en ville en fait -, il mit fin à sa ballade, prit contact avec le maire pour exposer son problème et trouva un accord, finançant lui-même les travaux et l'entretiens.
Antoine s'arrêta devant sa place habituel, la plus proche de la plage et le Duc D'Eydoche descendit.
- Merci Antoine. Je vous retrouve tout à l'heure. Tâchez de ne pas trop vous ennuyer. Cet endroit est petit, certes, mais la vue est imprenable.
Et il partit. Le Duc se mit à rêvasser de choses et d'autres, Léane, ses parents, la ferronnerie, la photographie, Léane, le volley-ball, le badminton et Léane. Tantôt le nez dans le ciel, tantôt les yeux dans le sable, ses pensées vagabondait sans vraiment s'arrêter sur un sujet jusqu'à ce qu'il se souvienne de la lettre qu'il avait écrite et envoyée il y a peu. Elle devait être arrivée désormais, sa demande d'entretiens d'affaire à l'une des gérante de cette infamante Maison des Délices. Il avait hâte de recevoir la réponse car il souhaitait engager son plan de « restructuration massive » de cet établissement au plus tôt. Ça sonnait bien, « restructuration massive » ça ne voulait rien dire de précis, sinon que des changements allaient être effectué. Aucun indice sur la nature de ces changements n'était apporté dans la nomenclature de cette initiative et c'était précisément le but de ce genre de formulation d'entreprise. L'art de ne rien dire en donnant l'impression que tout est clairement annoncé. Habituellement il abhorrait ce genre de méthode mais dans sa situation, il n'avait aucun choix.
Il pensait à tout cela, les yeux plantés dans le sol, lorsqu'il fut brusquement bousculé par une bande de gamins gueulards, fuyant une sorcière, d'après ce qu'il perçut de leurs cris d'effroi. Il leva les yeux juste à temps pour éviter le dernier, qui venait de se relever et vit face à lui, à environ un mètre ou deux de distance, une jeune fille de son âge ou presque, dont le visage magnifique acheva de lui faire oublier sa lettre, que la bousculade n'avait que tout juste écarté de son esprit. Sa chevelure sombre contrastait magnifiquement avec son teint pâle et ses yeux étaient d'un bleu... hypnotique. Comprenant rapidement qu'il contemplait là la « sorcière » qui venait de mettre en fuite la bande de garnements qui l'avait sortit de sa torpeur, il s'approcha de quelques pas et s'assura que tout allait bien.
- Il n'y a pas de mal ?
Théodor attendit une réaction, plongeant le bleu de ses yeux dans celui envoutant de la demoiselle.